LES DÉFIS DE LA FORMATION DES JURISTES D’ENTREPRISE : QUEL IMPACT SUR LE TERRAIN ?
Sous la modération de Glory HUAMBO – Mardi, le 27 Juin 2023, 18H – 20H

Au Cameroun comme partout ailleurs, l’exercice de la fonction de juriste d’entreprise nécessite rigueur, minutie, et exigences d’aptitudes et attitudes. Ce faisant, les juristes d’entreprises autant que des corporations et/ou associations auxquelles ils appartiennent, ont pour défi principal permanent, une introspection de remise en question dans l’intérêt de l’amélioration continue de leurs prestations : À leur recrutement ont-ils toutes les armes en termes de formation académique ou professionnelle reçues pour mener à bien leur fonction? les entreprises camerounaises sont elles nécessairement satisfaites des prestations de leurs juristes d’entreprise ? Si non, que peut-on recommander pour optimiser les prestations des juristes d’entreprise ?

GUESTS SPEAKERS

  • GUY Mpondo, Enseignant de droit ;
  • FON DIKUM, Directeur Juridique ;
  • Dr PIIH Dieudonné, Formateur Professionnel ;
  • Me Paul Jing, Avocat

I.  Les Juristes d’Entreprise ont-ils toutes les armes pour mener leur mission futures ?  Est-ce que leur formation leur permet d’être opérationnel sur le terrain ?

Par : Pr. GUY Mpondo, Enseignant de droit

Pour répondre à ces différentes questions, le Pr. GUY Mpondo a commencer par présenter sommairement les grands blocs de formation des étudiants juristes, puis il a relevé les principales lacunes constatées pendant la formation et les évaluations et enfin, il a fait quelques recommandations pratiques pour palier à ces lacunes constatées.

1.  Présentation sommaire des grands blocs de formation d’étudiants juristes

La formation classique. La formation classique des étudiants juristes de niveau Licence au sein de l’Université de Douala est repartie en quatre filières notamment : la filière droit privé, droit public, common law pour la section anglophone et la filière science politique. En cycle Master, on retrouve plusieurs autres filières classsiques notamment : la filière droit privé des affaires, la filière Droit Privé Fondamental, la filière droit public interne, droit public international, etc. L’étudiant juriste est ainsi formé sur des Unités de Valeures (UV) théoriques et également pratiques avec des unités de valeurs telles que la rédaction des actes intégrée au programme pour permettre aux étudiants juristes d’être opérationnel après les études. A côté de la formation classique, le Professeur GUY Mpondo a également relevé quelques formations professionnelles ouvertes aux étudiants juristes au sein de l’Université de Douala.

La formation professionnelle.  La formation professionnelle est celle là qui permet au juriste d’acquerir des connaissances et de developer des compétences réquises dans une dixipline spécifique du droit. Au sein de la Faculté de droit de l’Université de Douala, on en distinque seize (16) filières professionnelles en cycle Licence (Administration des élections ; Assistant parlementaire, local et consulaire ; Banque et Assurances, Cadre des collectivités Térritoriales Décentralisées ; Carrières judiciaires et Cadres Administratifs ; Droit des activités portuaires ; Droit des contentieux fonciers et domaniaux ; Droit du numérique et des télécommunications ; Droit notarial ; Droit pétrolier, ,inier, forestier et d’électricité ; Finance, Bancing and Insurance Law ; Finances publiques ; Fiscalité ; Marché publiques ; Transport, Logistique, Transit et procédures de dédouanement) et près de dix-huit filières professionnelles en cycle Master (Administration Fiscale ; Fiscalité appliquée ; Banque, finances, Monnaie et Assurances ; Contentieux publics et privés ; Corporate, Finance Banking and Insurance Law ; Décentralisation et gouvernance locale ; Droit Communautaire de la CEMAC ; Droit de l’arbitrage et de règlement des différends ; Droit des ressources naturelles et du developpement durable ; Droit douanier et Commerce International ; Droit du numérique et des télécommunications ; Droit notarial ;  Juriste Conseil d’Entreprise ; Marché publics ; Natural Ressources and Sustainable Development Law ; Paix, sécurité et résolution des conflits ; Transports internationaux et Logistique ; Transport, Law and Logistics).

2. Les principales lacunes constatées pendant la formation et les évaluations des étudiants et apprenants juristes.

Pendant la formation et les évaluations, les principales lacunes constatées chez les étudiants juristes sont entre autres : le manque général de culture de la recherche et le manque de curiosité scientifique. En effet, il a été constaté que les étudiants juristes ne lisent pas beaucoup et ne font pas assez de recherche dans les bibliothèques disponibles pour améliorer leur connaissance. Que c’est ce manque général de culture de la recherche qui impacte sur leur résultat lors des examens et sur leur performance sur le terrain.

3. Les recommandations pratiques

Le Professeur recommande aux étudiants juristes d’avoir la culture de la recherche et de la curiosité scientifique. Pour lui, l’étudiant juriste doit grâce à internet aujourd’hui, apprendre à faire de la recherche juridique, faire preuve de rigueur et de bonne capacité de raisonnement. Un bon juriste doit constamment faire de la veille juridique pour enrichir sa culture juridique dans son domaine, chercher à avoir une expertise technique en droit, comprendre l’environnement juridique.

II. Les défis de la formation du juriste d’entreprise quant à ses attitudes

Par : M. FON DIKUM

Le juriste d’entreprise. Le Juriste d’entreprise doit être en mesure de fournir les meilleurs conseils et assistance juridique à l’entreprise. Il doit toujours avoir la bonne information pour défendre au mieux les intérêts de l’entreprise. Il doit garder sa crédibilité de part la pertinence de son travail et avoir une certaine expertise technique, ce qui n’exclut pas le fait qu’il doit se spécialiser dans un domaine précis.

Quels sont les attentes envers un juriste d’entreprise recruté en entreprise ?

Afin que l’entreprise puisse être satisfaite des prestations du juriste, ce dernier doit :

  • Etre un véritable partenaire d’affaire pour l’entreprise car le but premier de toutes entreprises est de se faire de l’argent. Il doit comprendre le fonctionnement du business dans lequel il travaille ;
  • Travailler en étroite collaboration avec les autres départements ;
  • Et doit constamment faire des formations continues dans son domaine, faire également des formations additionnelles pas forcément dans le domaine de predilection, des formations qui pourront apporter un plus dans le developpement de sa carrière de façon directe ou transversale.

III.   Les défis à relever, les acquis à consolider et le réquis de la formation professionnelle du juriste

Par : Dr PIIH Dieudonné

Pour le Docteur, il est important pour le juriste de se connaitre soit même afin de pouvoir travailler sur ses lacunes ou ses défauts. On distingue ainsi trois sortes de profil de juriste :

  • Le Juriste de routine : Le juriste de routine est celui qui fait de son travail une espèce de routine. Il accomplit ses tâches quotidiennes sans chercher à faire évoluer les choses. Le danger de la routine réside dans les conséquences qu’elle véhicule : la baisse de motivation qui se traduira par la peur et le danger du changement ;
  • Le Juriste sclérosé : C’est un juriste qui se trouve incapable à évoluer, à s’adapter à une nouvelle de nouvelle situation par manque de dynamique ;
  • Le Juriste Visionaire : C’est un juriste qui est capable d’anticiper et d’avoir l’intuition de l’avenir. C’est un juriste qui attire l’engagement et le dynamisme des autres, il permet ainsi d’établir la norme de l’excellence.

Bien plus, il est de constat, selon le Docteur, que les juristes d’entreprise font en majorité la même chose dans la pratique, très peu sont spécialisés. Il devient donc urgent pour la nouvelle génération d’éviter l’effet de mode et de se spécialiser afin d’avoir des connaissances approfondies dans certains domaines inexplorés du droit.

Il est également recommandé au juriste d’autoévaluer son parcours, de se spécialiser dans un domaine particulier du droit, s’autoformer et faire constamment de la veille juridique.

III.  Les défis de l’avocat exerçant comme juriste d’entreprise

Par : Me Paul Jing

L’avocat exerçant comme juriste d’entreprise doi avoir de grande expérience et des compétences juridiques avérées ; il doit avoir le strict respect de l’éthique de la profession juridique en entreprise ; s’entourer de collaborateurs compétents (le choix du collaborateur doit se faire sur la base de la competence et non sur la base de l’amitié) et travailler avec les meilleurs cabinets d’avocats et huissiers.

Aussi, pour opimiser les prestations des Avocats en entreprises, l’intervenant recommande de faire beaucoup de formations pour actualiser leurs connaissances juridiques ; avoir l’humilité d’apprendre ; être concentré sur les objectifs en faisant preuve de probité au travail ; éviter les conflits d’intérêts ; éffectuer des formations additionnelles, participer à des séminaires et ateliers pratiques.

En conclusion, nous pouvons retenir de ces différentes interventions que les juristes d’entreprises ont suffisament les armes en termes de formation académique ou professionnelle pour mener à bien leur fonction. Il doivent ainsi avoir une bonne culture de la recherche et de la curiosité scientifique ; faire preuve de rigueur et de bonne capacité de raisonnement ; s’autoformer et se spécialiser afin d’avoir des connaissances approfondies dans un domaine spécifique du droit. En entreprise, ces derniers doivent chercher à comprendre le fonctionnement du business dans lequel ils travaillent, travailler en étroite collaboration avec les autres départements et faire des formations continues.

Réalisé par : Ghislain MOTSEBO, Juriste Assistant chez ACJE
Revue par : Mme Stella NSATA, Juriste Senior et Secrétaire Générale Adjointe auprès de l’ACJE

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