L’AVENIR DU JURISTE D’ENTREPRISE À L’ÈRE DE LA DIGITALISATION
STARLAND HOTEL – jeudi 29 septembre 2022, 18H – 20H

L’Afterwork sur l’avenir du juriste d’entreprise à l’ère de la digitalisation s’inscrit dans le cadre des missions de l’Association Camerounaise des Juristes d’Entreprise. Il vise le renforcement des capacités des juristes d’entreprise dans un contexte mondial de plus en plus porté vers l’évolution technologique, l’avènement d’internet, la crise sanitaire COVID-19, la nécessité de transformation digitale des entreprises et des personnes, la nécessité de la transformation du juriste en entreprise.

Le métier de juriste et plus particulièrement de juriste d’entreprise fait face aux innovations permanentes induites des évolutions technologiques couplées des réaménagements fonctionnels occasionnés par la crise sanitaire mondiale. Les différentes innovations technologiques impliquent des évolutions des usages ; des besoins et de la règlementation.

Cet état de chose nécessite une transformation du juriste en entreprise qui, à défaut de s’adapter au contexte, court le risque de céder sa place à des expertises nouvelles telles que les Legaltech. C’est pourquoi il était question d’échanger sur les enjeux et opportunités de la digitalisation, les outils de la digitalisation, les aptitudes et attitudes à développer par le juriste d’entreprise.

GUESTS SPEAKERS

  • M. SERGE NTAMACK, CHIEF UNBLOCKER OF MARKETS (TECHNOLOGY/LAW/POLICY)
  • M. JEAN ÉLISÉ GOUATER, DGA CBC-BANK CAMEROUN
  • M. STELLA NSATA BANZEU, JURISTE ORANGE CAMEROUN

I.   CE QU’IL FAUT RETENIR

Par : M. SERGE NTAMACK, CHIEF UNBLOCKER OF MARKETS (TECHNOLOGY/LAW/POLICY)

1-      Qui est le juriste ?

À travers un bref voyage dans le temps, M. SERGE a démontré que le juriste est passé du rôle de support juridique à celui de partenaire d’affaires pour devenir aujourd’hui un apporteur d’affaires. Il n’est plus le simple diplômé en droit ou « réparateur de pots cassés », mais un « problem solver », formé pour apporter des solutions et non plus « éviter les risques ».

2-      Dans quel contexte ?

Le contexte mondial est en perpétuelle évolution ; les risques sur le plan technologique, politique, environnemental et règlementaires évoluent avec un impact sur la façon de travailler dans la vie sociale comme en entreprise et il faut s’adapter.

3-      Que doit faire le juriste ?

Le juriste doit s’adapter. Cette adaptation suppose :

–        Des nouvelles compétences fonctionnelles (cloud computing, analyse de données, comptabilité) ;

–        De nouvelles compétences sociales ;

–        La maitrise technologique (pour pouvoir travailler à distance par exemple) ;

–        La spécialisation ;

–        Le changement/évolution des métiers (savoir se réinventer).

4-      Quels sont les obstacles ?

–        Le temps : il faut prendre du temps pour évaluer les besoins et entamer un projet de transformation digitale ; très souvent en entreprise, il n’y a pas le temps de s’arrêter pour revoir les façons de faire ;

–        L’argent : le sentiment est qu’il faut nécessairement de gros budgets pour acquérir des outils spécialisés et sécurisés de digitalisation des départements et cabinets juridiques. Parfois aussi la solution, adaptée à son contexte peut être moins couteuse ;

–        Les habitudes (résistances humaines) : L’être humain est par essence résistant au changement, il faut donc parfois un temps d’adaptation pour changer les habitudes ;

–        Les solutions inadaptées au contexte.

5-      Comment transformer un département juridique ?

On peut transformer un département juridique en transformant :

–        Les personnes (dans la compréhension du projet, leur adhésion au projet et la formation) ;

–        Les processus (identifier les points de douleurs, les gaps et les résultats à atteindre) ;

–        Les outils et la technologie (quel outil mettre ne place en fonction des besoins et du contexte de chaque entreprise ? Exemple : une base de données en fichier est Excel et générant des statistiques automatiquement peut s’avérer parfois plus adaptée).

6-      Et les femmes dans ce contexte ?

Les femmes ne sont pas très représentées selon le Guest Speaker dans les métiers de juriste d’entreprise ou l’écosystème du droit. On se demande pourquoi ? Quelles sont les limites ou les freins ?

L’intervenant lance ainsi un appel à la gente féminine pour une plus grande implication dans les métiers du droit car elles ont un rôle important à jouer.

Le juriste doit pouvoir s’adapter et vivre avec son écosystème. L’écosystème juridique est un tout, composée de juristes d’entreprise, cabinets d’avocat, agences gouvernementales, experts juristes, magistrats, etc.

7.  La digitalisation implique la mise en œuvre de trois facteurs

Parmi ces facteurs, l’on peut relever : les hommes (people) ; les process ; la technologie. Quelques exemples concrets : la création et la gestion de bases de données spécialisées ; la gestion documentaire ; l’usage des chatbots (robots conversationnels) pour des requêtes spécialisées et préenregistrées ; l’automatisation et la génération de modèles-types.

II. QUELQUES PARTAGES DE CONNAISSANCES ET D’EXPERIENCES

GOUATER Jean Elisé (Juriste d’entreprise) : Le juriste est avant tout un collaborateur. Il doit : développer des softs skills : être le juriste que l’on voit ; que l’on aime voir et avec qui on aime être (un bon interlocuteur) ; être un “problem solver” et non un “risk avoider” ; apprendre à parler le langage de l’entreprise ; celui qui fait gagner de l’argent et savoir se vendre,ventre ses atouts au point de devenir le meilleur interlocuteur pour le chef d’entreprise.

Pour lui, le juriste gagne à aller vers la digitalisation. Le juriste apporte la solution, il n’est pas la solution, il rend la solution disponible. Ce dernier gagne en rapidité et en efficacité ; ce qui lui permet de dégager plus de temps pour absorber de nouvelles compétences ; il se développe et acquiert de nouvelles compétences ; de nouveaux métiers.

Henri SAME DOUALA (Directeur juridique) : « C’est avec la crise COVID-19 que les juristes dans certaines entreprises ont commencés à utiliser Microsoft teams en 2020. Le juriste doit pouvoir se réinventer. La digitalisation est une réelle nécessité pour le juriste d’entreprise ».

 Patience MAPOKO (Présidente de l’ACJE) : répondant à une question sur l’avenir du juriste face à l’avènement des nouvelles expertises et de la fintech, a rappelé que « le juriste d’entreprise n’est pas appelé à disparaitre, mais à se réinventer ; à s’adapter à son contexte. Il doit développer des aptitudes en communication, en management, en technologie de l’information et tous autres domaines pour évoluer avec son temps et son époque

Me Phillipe OBIANG (Avocat) : L’écosystème juridique est très important pour l’évolution du droit et des méthodes de travail. C’est cette constellation (faisant référence au schéma représenté par Serge NTAMACK) autour du juriste qui lui permet de mener à bien ses missions.

Il faudrait apprendre à voir les choses selon le prisme de chacun des acteurs de la constellation pour avoir une vue 360° des missions et chacun de ces acteurs a son rôle à jouer sans que le travail de l’un ne vienne phagocyter celui de l’autre.

Me MAMADOU KONATE (Avocat et ancien ministre de la justice – Mali) : Pour lui, la digitalisation est une question actuelle essentielle. Il en est ainsi parce que le juriste qui ne saura pas surfer avec les atouts de l’informatique au service du droit sera obsolète et amené à disparaitre ; il ne servira à rien. Il faut donc que les juristes, comme les avocats mettent en place des outils pour ne pas être obsolètes.

Le malheureux constat est qu’aujourd’hui encore, beaucoup d’avocats sont des analphabètes du numériques, ignorant que la digitalisation leur permet de simplifier leur travail. Aujourd’hui, grâce à la digitalisation, on peut désormais : Faire tous les actes de procédure de manière digitale ; Assister à des audiences/arbitrages à distance et Générer des bases de données pour faciliter la veille juridique.

La nécessité de la seule connaissance technique du droit est aujourd’hui dépassée parce que l’information se cherche et se trouve désormais en scrutant le ciel (il faut viser plus haut).

Diane NGASSAM (Juriste d’entreprise) : La digitalisation est aujourd’hui très ancrée dans les pratiques à PWC où l’on a pu passer du Secrétariat Juridique manuel à une offre d’outils digitaux pour la réalisation du Secrétariat Juridique des entreprises. La digitalisation est désormais un KPI inséré dans les objectifs de chaque employé à PWC.

 

III.   MOT DE FIN

A la suite de ces différentes interventions, Mme. Patience MAPOKO a pris la parole pour le mot de fin qui a consisté au :

–        Rappel des missions de l’ACJE

–        Remerciements adressés aux panélistes, invités et intervenants

–        Reconnaissance pour la mobilisation constatée

–        Invitation à une plus grande mobilisation et implication des juristes d’entreprises dans les activités de l’ACJE.

–        Invitation à la photo de famille et au cocktail.

Réalisé par : Ghislain MOTSEBO, Juriste Assistant chez ACJE
Revue par : Mme Stella NSATA, Juriste Senior et Secrétaire Générale Adjointe auprès de l’ACJE

Photos de famille